Baromètre de la RSE 2022 : principaux enseignements

“Le baromètre de la RSE 2022” de Vendredi dresse un panorama complet de l’engagement de près de 800 entreprises françaises, de toutes tailles et secteurs, en matière de RSE. Quels sont les principaux enseignements qui se dégagent de cet ouvrage ? Quelle place occupe aujourd’hui la RSE ? Quel bilan tirer des actions menées ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.

Sommaire

1. La place de la RSE dans nos entreprises aujourd’hui.
2. Ce qu’il faut retenir du baromètre de la RSE 2022.
3. Les freins et les motivations des entreprises en matière de RSE.
4. Les enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux.
5. Bilan de l’état de la RSE dans les entreprises françaises et perspective pour 2023.

Avant de s’intéresser aux grandes tendances de la RSE, démontrons la place qu’elle occupe dans nos entreprises. On constate tout d’abord que la composition des équipes RSE dépend considérablement de la taille de l’entreprise : plus celle-ci est grande, plus le nombre de personnes dédiées à ce sujet est important. Les grands groupes dénombrent en général au moins 3 salariés voués à la RSE, tandis que les entreprises de taille moyenne ne sont composées que de petites équipes de 1 ou 2 personnes. Dans la majorité des TPE, ces sujets ne sont pas traités à plein temps et sont portés par des salariés dont ce n’est pas la mission principale.

On observe également que les équipes et les parties prenantes, motrices de la démarche RSE de nos entreprises, sont de plus en plus impliquées. Cette mobilisation en hausse n’est pas encore commune à tous les salariés puisque malheureusement, plus la structure est grande et plus il est difficile d’impliquer en nombre.

La saviez-vous ? “Près de 56% des entreprises ont moins de 5000€ de budget RSE annuel. »

Pour continuer, on peut dire que la RSE tend à devenir un métier à part entière, qui s’intègre de plus en plus à des départements décisionnaires, que ce soit en tant que pôle autonome, en étant rattaché à la Direction Générale de l’entreprise ou encore aux Ressources Humaines. L’élévation de la place de la RSE dans les équipes stratégiques des entreprises est aujourd’hui un vrai signal positif, tant l’implication des parties prenantes est essentielle pour une transition forte et durable de l’entreprise !

Maintenant qu’il est possible d’affirmer la place préoccupante de la RSE dans nos entreprises, que devons-nous retenir du “baromètre de la RSE 2022” ? Quelles sont les grandes tendances évoquées dans ce rapport ? Voici pour commencer 4 faits positifs qui illustrent une tendance encourageante, pleine d’opportunités sur le sujet :

1. La RSE s’intègre aux plus hauts niveaux stratégiques et décisionnels des entreprises.
2. La thématique n°1 des politiques RSE n’est autre que… L’environnement ! Puisque 75% des entreprises étudiées ont mesuré leur empreinte carbone fin 2022. C’est 100% des grands groupes interrogés qui auront fait de même sur cette période.
3. Les entreprises sensibilisent de plus en plus leurs salariés aux enjeux d’aujourd’hui et s’engagent ainsi pour l’intérêt général.
4. La législation a un réel impact sur les politiques RSE menées en entreprise, qui se mettent aux normes (bilan carbone, index de l’égalité professionnelle, etc.).

Une tendance contrastée par de nombreux freins, qui ralentissent le déploiement et le lancement de démarches RSE dans certaines entreprises :

1. La mise en oeuvre d’une politique RSE nécessite de nombreuses ressources (salariés, temps, budget), ce qui freine encore trop souvent les entreprises.
2. Les salariés des entreprises restent encore majoritairement peu impliqué.es dans les sujets RSE de leur structure.
3. Près de 70% des entreprises interrogées expriment des difficultés à mesurer l’impact de leurs actions RSE.

Parmi les différents freins à la mise d’une politique RSE, on peut citer le manque de temps, mais aussi la difficulté à mesurer l’impact des actions menées, le déficit de ressources humaines ou encore l’insuffisance budgétaire. Selon le baromètre, plus de 80% des entreprises interrogées estiment manquer de temps pour lancer et/ou accélérer leurs démarches RSE. Cette analyse souligne le besoin des entreprises de démultiplier les ressources existantes pour mettre en place d’avantage d’actions.

Les motivations des entreprises ne sont pas les mêmes et varient beaucoup selon la taille et le secteur d’activité. Le sujet RSE est un enjeu stratégique et implique souvent des motivations business pour de nombreuses PME, ETI et grands groupes. Il faut pour ces professionnels répondre à une demande du marché et de ses consommateurs, c’est donc tout naturellement que l’image de marque, la marque employeur ou encore les obligations légales apparaissent en tête des critères de motivation du baromètre. Il n’en demeure pas moins vrai que ces entreprises ont conscience de l’urgence d’agir, c’est d’ailleurs cette motivation qui prône pour les TPE, qui ont la volonté de répondre à “l’urgence sociale et environnementale” avant tout.

Près de la moitié des entreprises consultées ont exprimées avoir déjà mis en place des actions (une fois ou quelques fois) pour sensibiliser leurs salariés aux enjeux environnementaux, sociaux et/ou sociétaux. La sensibilisation est en effet un enjeu clé des politiques RSE et concerne toutes les entreprises.

A. La RSE et les enjeux environnementaux

L’environnement est de loin la thématique prioritaire de sensibilisation des salariés, devant l’égalité des genre ou le handicap. C’est également une thématique largement plébiscitée lors de la mise en place d’actions : bilan carbone, achats responsables, mobilité durable, éco-conception ou encore numérique responsable… On constate d’ailleurs que toutes les entreprises, peu importe leur taille, affirment “s’engager pour le climat”.

B. La RSE et les enjeux sociaux

Pour mesurer les résultats des politiques sociales mises en place dans les entreprises, “Le baromètre 2022 de la RSE” s’appuie sur l’index égalité (obligatoire pour les entreprises d’au moins 50 salariés).

“L’index égalité est un indicateur qui permet de déterminer où se place l’entre- prise en termes d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Son calcul est basé sur 5 critères et permet d’attribuer à l’entreprise une note de 0 à 100.”

Cet index appuie le fait que les grands groupes sont souvent beaucoup plus avancés sur cette thématique que les petites et moyennes entreprises. Alors, pour les TPE qui ont plus de difficultés à mettre en place des actions sur le sujet, la question du stress et/ou de l’équilibre vie personnelle/professionnelle est souvent une bonne première étape pour commencer à agir.

C. La RSE et les enjeux sociétaux

Enfin, les entreprises s’engagent de plus en plus pour le bien commun, l’intérêt général. On observe une hausse de 8 points entre 2021 et 2022 (69% à 77%) pour la mise en place d’actions sociétales. Une vague de solidarité qui s’exprime sous la forme de collectes, d’événements caritatifs, de mécénat… Et qui s’explique notamment par le contexte actuel (guerre en Ukraine).

“Le baromètre 2022 de la RSE” est un très bon outil qui permet de mettre en avant la prise de conscience et la hausse des engagements des entreprises françaises en matière de politique RSE. Ces dernières portées par la législation, on fait de l’environnement la thématique n°1 de leurs démarches. En ce sens, elles sensibilisent également de plus en plus leurs salariés aux enjeux sociaux et sociétaux.

Pour autant ce n’est pas parce que la RSE est de plus en plus présente que les entreprises sont sincèrement plus engagées. Il existe à notre sens une vraie interrogation sur l’authenticité et la profondeur des engagements. Comment se fait-il que les entreprises qui ont le meilleur rapport RSE sont aussi les plus polluantes ? Comment se fait-il que l’action phare mise en oeuvre soit le bilan carbone, alors que ce type d’action est une simple externalisation d’un calcul, et pousse rarement le sujet au Scope 3, qui est souvent l’impact majeur de ces entreprises.

Si la RSE s’intègre de plus en plus dans les équipes et les parties prenantes des entreprises, l’ouvrage démontre aussi que le niveau d’engagement et la qualité des actions menées, dépend considérablement de la taille, de l’effectif ou encore du secteur d’activité de nos entreprises. De plus, il existe de nombreux freins à la mise en place d’un politique RSE, comme le manque de ressources (temps, effectif, budget), la difficulté à mesurer l’impact/le ROI ou encore la capacité à impliquer en nombre.

Oui, la RSE est un vrai sujet de préoccupation pour nos entreprises (l’année 2022 a montré de réelles avancées sur le sujet) et l’impulsion récente est marquante. Mais la rupture ne semble pas assez prononcée et profonde tant la situation est urgente. L’année 2023 sera-t-elle une année d’accélération ? Il faudra pour cela une vraie transition profonde et durable, à la hauteur des enjeux de société.