À la base d’une démarche d’éco-conception : l’ACV
L’analyse du cycle de vie (ACV) est la première étape à suivre dans une démarche d’éco-conception d’un produit ou d’un service.
20 septembre 2021
A première vue, l’éco-conception est un mot dont on entend beaucoup parler en communication, et un peu à toutes les sauces. Mais y-a-t-il une démarche scientifique derrière ?
La réponse est oui !
Décryptage et analyse avec un extrait de notre formation sur la communication responsable.
Définition de l’éco-conception
Premièrement, l’éco-conception c’est l’intégration des caractéristiques environnementales dans la conception d’un produit ou d’un service en vue d’améliorer sa performance environnementale.
Autrement dit, on applique le principe de faire mieux avec moins tout en conservant les performances du produit. On répond ainsi aux nouvelles attentes des consommateurs et aux nouvelles réglementations destinées à la protection de l’environnement.
Cool !
Mais avec quelle méthode on s’y prend ? Est-ce que se sourcer en local, c’est éco-concevoir ? Faut-il mettre sa voiture essence à la poubelle pour acheter une électrique ? Le papier pollue-t-il toujours plus que le numérique ? Aussi, est-ce que choisir un imprimeur Imprim’Vert, c’est de l’éco-conception Print ? Finalement, une couche lavable qu’on lave en machine pollue-t-elle plus ou moins qu’une couche jetable qu’on met à la poubelle ?
Vous allez voir que les réponses sont bien plus complexes et solides qu’un simple oui / non. D’abord, elles sont intéressantes car l’éco-conception dans la communication trouve ses origines dans l’éco-conception industrielle. Et pour commencer par le commencement dans ce type de démarche, le meilleur outil, c’est l’ACV !
La base méthodologique : l’ACV
« L’analyse du cycle de vie (ACV) est l’outil le plus abouti en matière d’évaluation globale et multicritère des impacts environnementaux » (ADEME). Cette méthode normalisée permet de comparer ce qui est comparable, de démystifier des mythes, de mesurer, de prouver.
Sa robustesse est fondée sur deux approches :
- L’approche Cycle de vie : on recense et quantifie tout au long de la vie des produits ou services les flux de pollution.
À ce stade on peut déjà commencer à répondre à ces deux questions triviales : peut-on dire qu’un site Web hébergé chez un hébergeur durable est éco-conçu? Se sourcer chez un fournisseur de papier recyclé, à 3000 km de son entrepôt, est-ce de l’éco-conception ?
Vous avez deviné les réponses, mais sachez que parfois, la tentation du Greenwashing est grande dès lors qu’on rempli une case.
- L’approche multicritères : on s’intéresse à des critères beaucoup plus larges que les simples émissions de CO2.
Qu’il s’agisse de savoir par où commencer, de prouver que notre produit est éco-conçu par rapport à un autre ou de lancer une démarche d’innovation, l’ACV est utile quelle que soit votre démarche.
1. L’ACV pour savoir par où commencer
Vous vous lancez dans une démarche d’éco-conception ? L’ACV permet d’identifier les processus les plus impactants sur le cycle de vie, pour savoir sur quoi travailler en premier.
Prenons l’exemple d’un Jean : plusieurs ACV montrent que les principaux impacts environnementaux se trouvent sur la matière Première, le transport, et la fin de vie. Alors commencez par cela ! C’est ce qu’on fait de nombreuses marques de textile responsable en France (par exemple 1083 pour le plus emblématique). Ils ont commencé par :
- La matière première : sourcing en coton bio (qui ne pollue pas le cycle de l’eau mais qui est produit généralement hors France), en fibres recyclées (en revalorisant les vieux jeans des français), ou travail du jean en lin (qui ne consomme quasiment pas d’eau, et qui est largement produit en France).
- Transport : en relocalisant la production en France (entre la culture du coton, la teinture, la confection, le sablage, et les flux commerciaux, un jean classique parcourt 65 000 km pendant son cycle de production, dingue non ?)
- La fin de vie : en revalorisant les fibres recyclées, en consignant les vêtements, et en encourageant le recyclage.
Ils ont ensuite travaillé sur les autres aspects, comme le délavage au laser (car le délavage au sablage classique est une catastrophe sanitaire), les réhabilitations de manufactures, et les enjeux sociaux.
Analyse amont ou aval, choix de conception et aide à la prise de décisions (matériaux, technologie, emballages, scénario d’usage et de fin de vie, etc), hiérarchisation des objectifs d’éco-conception, c’est bien l’ACV qui va vous permettre de rentrer dans une vraie démarche d’éco-conception, c’est à dire d’innovation avec une grille de performance environnementale.
Car si vous commencez l’éco-conception de votre Jean par le fait de planter un arbre pour compenser, vous êtes un peu à côté (l’arbre c’est du bonus secondaire).
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2. L’ACV pour comparer deux produits
Par ailleurs, étudier la performance d’un système par rapport aux concurrents ou comparer un nouveau processus de production avec les standards permet d’appeler un chat un chat, et de prouver sa démarche. Surtout lorsque la presse ou le marché participe à construire des idées reçues. Prenons l’exemple de 3 ACV, produites dans cette optique.
2.1 Le papier pollue-t-il toujours plus que le numérique ?
Réponse : c’est au cas par cas.
Ainsi un scénario mis en scène par La Poste dans le cadre d’une ACV oppose les 2 scénarios ci-dessous :
-
- Flyer recto en couleur distribué en boîte aux lettres
- Une vidéo publicitaire consultée sur un réseau social.
Résultat : dans cette étude, le papier est plus favorable que le numérique pour 15 indicateurs environnementaux sur 16, sauf sur l’utilisation des sols.
2.2 Un véhicule électrique pollue-t-il moins qu’un véhicule à moteur thermique ?
Réponse : des dizaines d’études ont travaillé sur le sujet. Et pour cause, si effectivement pendant l’usage un véhicule électrique n’émet pas de CO2, il y a eu de nombreux abus de langages sur la question.
Le schéma ci-dessous du blog Planet Oui (qui est une compilation de 2017 fabriquée à partir de plusieurs sources d’information), permet d’identifier que :
- D’une part, pour fabriquer un véhicule électrique on émet plus de tonnes de CO2 que pour fabriquer un véhicule essence. C’est notamment lié au ressources rares liées à la fabrication des batteries au lithium
- Mais que sur la durée de vie, les véhicules électriques apportent un progrès en termes d’émissions de CO2. À 100 000 km, déjà, l’électrique est la forme la moins polluante en termes d’émissions de CO2.
Pour autant, des études ACV plus poussées comme celle-ci, s’intéressant au cycle de vie des batteries au lithium très polluantes, et l’importance de la politique énergétique d’un pays (électricité renouvelable ou non), montrent que pour les véhicules électriques ne portent pas encore en eux l’éco-conception.
2.3 Une couche lavable qu’on lave en machine pollue-t-elle plus ou moins qu’une couche jetable qu’on met à la poubelle ?
Les résultats de l’étude Hamac sont sans appel. Sur l’unité fonctionnelle « Quelle solution a le moindre impact pour un usage sur 2 ans et demi ? », les couches lavables mettent KO les couches jetables sur l’intégralité des indicateurs.
Par conséquent, si vous avez envie de prouver votre démarche d’éco-conception, commandez une étude ACV. Celle-ci se fait généralement avec des outils assez poussé. Elle prend plusieurs mois du fait du nombre d’informations nécessaires à la modélisation.
Cependant, pour le quotidien d’un responsable communication dans une entreprise responsable avancée comment faire pour éco-concevoir ses outils, sans commander une analyse ACV coûteuse ?
Pour cela il existe des démarches sélective. Elles sont dites ACV rapides. Leur principe est de faire des choix d’amélioration d’un produit sans pourtant tout connaître sur son cycle de vie.
Néanmoins, n’allez pas croire que la démarche est hasardeuse. Vous avez des outils très concrets et des check-lists pour vous accompagner.
De notre côté, dans notre démarche d’éco-conception print, nous utilisons 3 outils :
- L’analyse de cycle de vie
- La règle des 5 R
- Le guide de la communication responsable de l’ADEME.
Taux d’encrage, minimisation du massicotage, distribution écologique… Tout y passe.
De même dans notre démarche d’éco-conception web, nous utilisons 4 outils :
- L’analyse de cycle de vie
- La règle des 5 R
- Les 115 bonnes pratiques
- L’Eco-index
Finalement, l’ACV est aujourd’hui un outil performant et reconnu grâce à sa pratique et à sa diffusion. Mais aussi grâce à sa normalisation au niveau international (ISO 14040 à 14044). Bien qu’elle est été qualifiée d’expérimentale, voire de partiale au début des années 1990.
C’est pourquoi, de notre côté nous ne parlons jamais d’éco-conception si nous n’apportons pas en preuve des outils de mesure. cela nous permet de démontrer la performance environnementale atteinte.
Et vous, vous avez envie de réfléchir à diminuer l’impact de votre identité de marque, brand content, spot TV, évènementiel ou site Web ?
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